Des policiers réclament l’accès aux masques réquisitionnés :

Les masques FFP2 de l’entreprise ferroviaire peuvent être utilisés par les douaniers, mais pas par les policiers en charge des contrôles transfrontaliers. Ces derniers menacent d’exercer leur droit de retrait.

Ils attisent toutes les convoitises. À la gare du Nord à Paris, plusieurs palettes – au moins trois – chargées de masques « FFP2 » sont stockées dans les sous-sols. Du matériel de protection dont les policiers en poste aux contrôles transfrontaliers se seraient bien vus dotés face à l’épidémie de Covid-19.

Mais en l’état, ils leur sont interdits. Initialement, dans la semaine, il avait été ordonné aux policiers de ne pas en porter. Dans la nuit de vendredi 20 à samedi 21 mars, ils ont seulement été autorisés pour les policiers exerçant en voie publique et faisant respecter le confinement. Vendredi soir, sur France 2, Laurent Nuñez, le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, expliquait que tous les autres fonctionnaires de police dotés de masques « ne doivent les porter que s’ils contrôlent des personnes susceptibles d’être affectées par le Covid-19 ».

Comment le savoir ? Le secrétaire d’Etat ne le précisait pas, et sa position n’a pas modifié celle des organisations syndicales, qui appellent toujours leurs troupes à faire jouer leur droit de retrait si elles estiment que leur sécurité n’est pas assurée. Une ligne sur laquelle se trouvent donc les personnels de la gare du Nord, et notamment ceux de l’UCT. Rattachés à la police aux frontières, les agents de cette unité de contrôle transfrontalière sont ceux qui contrôlent, notamment, le flux de passagers de l’Eurostar. Ils demandent donc à bénéficier de ces masques appartenant à la SNCF. « S’ils étaient bien à nous, ils ont été réquisitionnés par le ministère de l’Intérieur », précise ce samedi soir l’entreprise ferroviaire, sans pouvoir préciser la date à laquelle elle a répondu à cette réquisition de l’Etat.

« On est des pions »

D’autant plus que leurs collègues douaniers, eux, ont pu y avoir accès. « On nous dit que les vitres de nos aubettes suffisent à nous protéger, explique l’un de ces policiers de l’UCT, en charge du contrôle des passeports. Mais c’est complètement faux. Surtout, quid des contrôles que l’on qualifie de seconde ligne ? »

De fait, un passager, lorsqu’il y a un doute sur son identité, est emmené dans un bureau à l’écart. Il doit alors obligatoirement être palpé. « Ensuite, on fait comment ?, interroge ce même policier. S’il faut faire par exemple une prise d’empreintes, on sera forcément à moins d’1,50 m de lui. C’est du n’importe quoi. Aucun process ne nous a été communiqué. On est des pions. »

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Vendredi, plusieurs gradés sont intervenus pour faire retirer les masques des policiers qui en portaient à la gare du Nord. Avec plus ou moins de succès, certains agents obtempérant, d’autres non, aucune sanction n’ayant toutefois visé les contrevenants.

Des passagers valise en main, passeport dans la bouche

« Chaque jour, nous découvrons de nouveaux cas de contamination, parmi nos effectifs, renchérit l’un d’eux. Ce sont des gens qui, en phase d’incubation, peuvent eux-mêmes contaminer les passagers. Et l’inverse est également vrai. Nous voyons souvent des gens qui, tenant leur valise par la main, mettent leur passeport dans leur bouche avant de nous le tendre. Vous imaginez l’hygiène… »

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Une inquiétude relayée par les organisations syndicales, et notamment le syndicat Unité-SGP-Police. « Les dotations actuelles en matériels de protections sont très nettement insuffisantes, déplore Bibia Dergham, secrétaire du syndicat pour les services centraux de la police. C’est pourtant essentiel. Actuellement, il nous est impossible de savoir par où est passé au préalable un passager contrôlé. Ce dernier a très bien pu circuler de par le monde dans des zones infectées, et mettre nos collègues en danger. »

Des policiers réclament l’accès aux masques réquisitionnés : Le Parisien